Sylvain Tesson ,Petit traité sur l’immensité du monde (2005)Quelque soit la direction prise, marcher conduit à l’essentiel.
Respirer et aussi vous inspirer !
Cette page me tient particulièrement à coeur, car elle est le prolongement de l’expérience de la marche. Elle peut aussi en être à l’origine.
Livres, citations, poèmes, films, reportages, voici quelques inspirations de Fabrice et de Club Rando 06 !
Livres et récits de voyages, citations, poésies, inspirations, documentaires, films, court métrages…
Ce qui est important c’est l’expérience que nous vivons en montagne. Une expérience avec la nature d’abord, avec soi-même ensuite, et peut être aussi avec les autres. Ce que nous partageons avec les autres passe aussi par la culture sous forme de récits, de réflexions, des médiations parfois, et par les émotions.
Je vous propose ainsi ma petite liste de coups de coeur. Et peut être que mes inspirations seront aussi les vôtres ou bien elles en appellerons d’autres… Car chacun suit son chemin comme bon lui semble.
Et une fois que vous serez bien inspiré(e), venez partager avec nous une expérience dans les montagnes, dans la nature : Dates et inscriptions ici sur la page dédiée 🙂 Pour se recentrer sur l’essentiel : s’extasier devant une fleur, un paysage, sentir la chaleur du soleil, les odeurs de le forêt, les couleurs des roches, sentir la présence de la faune sauvage, ou juste l’admirer de loin… Marcher, ressentir, aimer tout simplement.
Poésie
Sensation
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Mars 1870
Arthur Rimbaud, Poésies
Vus à la télé (documentaires)
Arte « Voyages et Découvertes » est une mine de documentaires disponibles en replay longtemps après leur diffusion.
Citations
« Nous ne sommes pas de ceux qui n’arrivent à penser qu’au milieu de livres, sous l’impulsion de livres –nous avons pour habitude de penser au grand air, en marchant, en sautant, en escaladant, en dansant, de préférence sur des montagnes solitaires ou tout au bord de la mer, là où même les chemins deviennent pensifs »
Nietzsche, le Gai Savoir
« Nous oublions souvent que nous sommes nature. La nature n’est pas quelque chose de distinct de notre part. Ainsi, quand nous disons que nous avons perdu notre connexion à la nature, nous avons perdu notre connexion à nous-mêmes. »
Andy Goldsworthy
« C’est une triste chose de penser que la nature parle et que le genre humain ne l’écoute pas »
Victor Hugo
SylvainTesson, citations issus de l’ouvrage « sur les chemins noirs »
Sur les chemins noirs, nous nous enfoncions dans le silence, nous quittions le dispositif.
« La nature aime à se cacher »
« J’allai trois jours durant sur l’échine de la montagne. Les chemins me rejetaient tantôt sur le versant nord, tantôt sur le versant sud de Lure, vieille bête couchée. Le calcaire était dur. Parfois, le marcheur est un forçat, cassant son lot de cailloux.«
« Même à proximité d’une agglomération, la carte au 25 000e livrait des issues : une levée de terrain, un talus discret, une venelle. Partout, l’ombre avait des survivances. Jusqu’au cœur des zones urbaines s’enfonçaient des coulées. Si renards et furets réussissaient à gagner le centre des villes d’Europe par les fossés et les contrescarpes, nous aussi pouvions tenir l’équilibre sur des fils invisibles.«
« J’accepte le pain rassis et les livres. » Je persistais à croire que vivre ainsi, à l’écart des grandes voies, ne garantissait ni le confort, ni l’équilibre psychique mais permettait d’échapper au pire : les coups de téléphone et la queue dans les magasins, c’est-à-dire la défaite du temps et de l’espace«
« La France avait encore une géographie de traverse pour peu qu’on lise les cartes, que l’on accepte le détour et force les passages. Loin des routes, il existait une France ombreuse protégée du vacarme, épargnée par l’aménagement qui est la pollution du mystère. Une campagne du silence, du sorbier et de la chouette effraie.«
« La forêt filtrait le soleil en tisserande et je traversai les rais avec l’impression de me laver le visage à chaque explosion de clarté. » SylvainTesson (dans « sur les chemins noirs »)
« … réunir sur le même territoire (sous le même drapeau) les mangeurs de pistou et les dentellières de Cambrai relevait du miracle. Une grâce avait permis la coexistence des contraires physiques et de leur incarnation psychoculturelle : le calcaire et le granit, les phoques et les scorpions, les parpaillots et les catholiques, les petits Savoyards et les bergers landais, Maurras et Jaurès. Le destin normal de pareilles associations était la guerre civile«
« Dans la descente, ce panneau sous les poiriers prouvait combien l’administration maternait les citoyens : La praticabilité de cet itinéraire n’est pas garantie. On devrait annoncer cela à tous les nouveau-nés au matin de leur vie ! «
« La forêt masquait les restanques. Tous ces efforts pour finir en ruine ! Les terrassements témoignaient de la longue présence des hommes en ces versants et de leurs travaux herculéens qui avaient refaçonné le profil des reliefs. À marcher sur les calades bordées de murets, je pratiquais une forme d’archéologie vivante. »
Sylvain Tesson
« Pendant ces semaines de marche, j’allais tenter de déposer sur les choses le cristal du regard sans la gaze de l’analyse, ni le filtre des souvenirs.«
Sylvain Tesson
» Avant de jeter mon sac de couchage dans un bosquet de chênes verts je m’allongeai à la lisière et restai une heure à fumer mon tabac hollandais dans une pipe en buis, les jambes lasses. Une cloche battit et la masse de Lure rejoignit la nuit. En cette année du XXIe siècle, cela me semblait bon de pouvoir passer une heure sans rien faire, comme le petit personnage d’un tableau pastoral du XVIIIe siècle «
Critique de la modernité
« Ils n’avaient pas écouté Jean Cocteau lançant cette grenade à fragmentation dans son adresse à la jeunesse de l’an 2000 : « Il est possible que le Progrès soit le développement d’une erreur. «
Le « service à la personne » avait remplacé la vieille amitié et la vidéosurveillance garantissait l’ambiance.
« Allions-nous subir le même sort, nous autres ? Nous menions la danse en ce moment, nous régentions la chaîne du vivant, nous trafiquions l’atome, nous modifiions le gène, nous augmentions la réalité avec des puces de silicium, nous recomposions le poème initial. »
Sylvain Tesson
» Si la vie est éphémère, le fait d’avoir vécu une vie éphémère est un fait éternel «
Vladimir Jankélévitch